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La créa-thérapie : une médiation par la Vie

Chapitre : "Depuis le Soi : la créa-thérapie", du roman "Les larmes de l'Ange" (2025).

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Nous entreprenons ici un voyage comportant une rupture avec l'entendement courant, une disruption avec l'exercice commun.

Je propose un zoom sur le plus petit mécanisme cybernétique à l'oeuvre dans le vivant : le quadrivium ou triade relationnelle. Je crée une bulle de croissance via l'amorisation / synchronisation des polarités. J'élabore ainsi un sas de compréhension en choisissant d'élire un aspect fondateur de notre réalité - en ce que nous sommes et ce au-dedans de quoi nous évoluons, consubstantiellement. Via notre nature spontanée, ainsi qu'au sein de nos pratiques répétées - par ce qu'on appelle l'entraînement du corps et de l'esprit.

Inspiré de Francisco Varela : article "Ni un, ni deux" (1976).

I ] Qu'est ce que la Vie ?

  • Une synchronisation au carré : "corps-esprit" (verticale) et "moi-altérité" (horizontale) impliquant, au point d'intersection des deux axes, l'expérience d'une dissolution de la frontière "intérieur / extérieur" jusqu'à faire advenir un sentiment d'appartenance à la Totalité.
  • Une émergence bio-relationnelle incessante - balayant les niveaux de (n) à (n+♾) ; une dynamique évolutionnaire de l'organicité jusqu'à la pleine expression du Soi ou "selfless self" (comme non-consistance, non-solidité du soi ou reconnaissance en soi de la vacuité pleine, au fil de l'instant vivant).

Quel est le fonctionnement d'une triade relationnelle ?

Nous avons deux agents (1) et (2), de niveau (n), qui se synchronisent en (3) – lui même polarisé avec le (4), niveau émergent (n+1), manifestant des propriétés nouvelles. La relation entre les agents (n) - pris eux-mêmes dans l'énaction généralisée - donne la mesure de l'identité virtuelle (n+1), inédite, qu'ils forment à eux tous. Identité nouvelle (n+1) prise comme "interface virtuelle", interagissant de façon intégrée avec son environnement (lui-même n+1).

A partir d'une harmonisation de niveau (n), le principe est donc celui de l'émergence de propriétés toujours plus évoluées au sein de l'interface virtuelle de niveau (n+x). Processus qui s'apparente aussi à l'intégration progressive de contraintes informationnelles de niveau (n+x) au sein de l'auto-organisation de la matière de niveau (n). Cela, via la complexification systémique des composants de celle-ci - de leur synchronisation intermittente à leur symbiose généralisée. 

Il y a polarisation entre les niveaux (n) et (n+1) : la voie ascendante (upward) de (n) à (n+1), du corps à l'esprit, est dite-émergente ; la voie descendante (downward) de (n+1) à (n), de l'esprit au corps, est dite-régulatrice. Les boucles ainsi formées sont vertueuses et créatrices.

Ainsi, au fil de la phylogenèse, y a-t-il émergence de la Vie, puis de la sentience, puis de la conscience, puis de la présence - soit le sens réalisé. Sous la pression de "l'enaction" (co-émergence "organisme / environnement") de niveau (n), le développement des formes physiques en niveaux expérientiels (n+x) est permanent, à quelque échelle que ce soit. Il conduit à une modification graduelle de "l'être en corps", notamment chez l'Homme, en cela qu'à partir d'un écueil (celui du bocal mental), il y a potentielle mutation en présence intuitive, en connaissance innée et en immanence aurique. Là où l'on ne fait plus qu'un, co-existant avec / au sein de l'expansion du Tout.

La méditation, ou pratique de la présence attentive, permet à force l'évidence d'une telle réalité dans l'intime de soi. L'immersion créatrice, le geste artistique, aussi. Là où l'on s'oublie...

II ] Qu'est-ce que la Création ?

Une manière de bien user de la Vie, en décuplant l'émergence en voie du milieu pour un dévoilement progressif du Leib (la chair ou corps vécu), au fil d'une incarnation cellulaire dans le visible toujours plus fine (Sri Aurobindo évoque "Le mental des cellules") et d'une pénétration des dimensions inconnues de l'invisible toujours plus subtile.

Il y a là l'idée du placement juste, doublement polarisé "terre / ciel" et/ou "vie / altérité". Et de l'entre-deux, en voie moyenne. Cette hybridation implique une incarnation radicale de l'être au monde ou encore "une inscription corporelle de l'esprit". Un être par le corps, en ce que le corps vit, bouge, se déplace, expérimente et apprend : c'est ainsi que nous appréhendons et connaissons le monde, en vérité psycho-motrice, via la cognition dite-incarnée.

Dans son élan, le geste de la création artistique, physique et psychique, incarne ce qui doit l'être dans l'instant présent - moment après moment. Ainsi l'oeuvre se déploie-t-elle sous les yeux médusés de l'artiste qui ne sait parfois pas consciemment ce qu'il accomplit ; son inconscient, à fleur de réalité, le faisant pénétrer dans la sphère de l'absolue nécessité. Celle du dessous des apparences ; celle du creux des non-dits. C'est direct ; c'est fluide. Le jet d'inspiration se donne alors à vif, à nu, tout comme la Vie.

III ] Qu'est-ce alors que le Soin ?

L'art et la manière de rétablir la Vie (telle que préalablement définie) au coeur des dysfonctionnements de son émergence - du milieu organique, cellulaire, à la relation affective, sociale.

Avec une règle (à ne pas inverser) : la prévalence de la Lumière - car le signe de la synchronisation dans la matière, c'est la production de Lumière (celle de bio-photons).

Le cercle créateur, c'est la capacité constante de la Vie à dynamiquement se redéfinir pour toujours plus s'harmoniser et se régénérer, au sein des co-contraintes entre chacun de ses constituants - quelle qu'en soit le niveau sur l'échelle. Là est la Vie "à l'endroit".

L'accomplissement de la Vie, dans sa circularité et sa progressivité, implique l'efficience des rouages des trois mouvements de l'épochè : 

  1. l'empathie ou perception de l'autre / l'environnement / l'évènement -> la suspension (yang)
  2. l'autonomie ou sentiment de soi -> la redirection (yin)
  3. l'accueil du devenir-conscient / présent -> le laisser-venir (non-duel)
D'après l'épochè selon Husserl : Depraz, Varela, Vermersch - "On becoming aware. A pragmatics of experiencing", 2003.
// "A l'épreuve de l'expérience. Pour une pratique phénoménologique", 2011.

Réparer les chaînons manquants ou abîmés, brisés, consiste tout d'abord à identifier ses propres ressources, en termes d'origine (la Lumière du Soi) et de richesse (le catalogue des adéquations) ; puis à puiser dans les engrammes plus difficiles de ses états personnels.

Exemple d'une séance de psychanalyse transpersonnelle :

On commence par s'autoriser à basculer en état modifié de conscience - après une sophronisation de base classique, précédant une suite de visualisations conduisant jusqu'au niveau du rêve éveillé. Puis on ose voyager à l'intérieur de ses contenus inconscients, en conscience-témoin - à savoir, depuis une partie de soi, une ancre de sagesse, qui ne peut être ni attaquée, ni souillée, ni entraînée, par "le mal" par ailleurs éprouvé. A bonne distance donc. Il y a dédoublement (comme chez l'acteur en performance) : on regarde les scènes depuis cette supra-conscience ou Soi, très solaire, tout en se laissant aussi les (re)vivre énergétiquement, les (re)traverser dramatiquement.

A partir d'une scène conflictuelle ou d'un événement douloureux, la conduite par le thérapeute du protocole dit de la "forme-émotion" consiste tout d'abord à déceler le soma traumatique du patient : son empreinte émotionnelle, sa qualité sensorielle, l'endroit du corps impacté, puis à le faire sortir hors de l'enveloppe charnelle sous forme d'une qualité, une entité, une image ou une présence - la mieux à même de le traduire. Une forme avec laquelle le patient, face à elle, commence alors à dialoguer... pour, à la toute fin, lui faire avouer le secret de "son besoin" et ainsi la faire accoucher de sa part informationnelle de Lumière. Car l'ombre n'est que de l'énergie stockée et coincée, qui ne demande qu'à être vue, alchimisée et libérée !

En soi, retrouver la pleine circularité / création de la Vie

Les somas correspondent à nos parts désynchronisées "corps/esprit" ou "soi/environnement". Pied à pied, le processus de fluidification / dissolution de leurs charges permet à l'organisme entier de re-fonctionner dans la santé de sa nature originelle - holistique, synchrone, divine. Depuis le Soi (concept jungien de "complétude de soi").

Se placer sur son Soi, et recouvrer un équilibre mental - peut-être aussi physiologique -, revient en soi à récupérer la capacité même de "la création de soi" - au niveau de l'émergence du vivant visible pour toujours plus d'incorporation de subtil invisible. Et ce, jusqu'à la résolution de la relation dynamique entre le visible et l'invisible, en Oméga. En cela s'inscrit la pleine définition et la raison d'être de la Créa-thérapie : se caler sur cette capacité du Divin à faire émerger les formes du dedans même de leur nécessité profonde.

Anika Mi, 24 mai 2025.

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