Billet sur l'emprise collective - 18 juin 25
Le matraquage des écrans
Quand on allume les écrans, on se trouve saisis par l'information continue. On prend le train en marche ; il va vite ! Au terme d'une journée entière scandée par les chocs du zapping, trouver le sommeil est difficile. Le cerveau reste en alerte, avide de sensation actualisée et de réassurance superficielle. C'est le début d'une psychose que l'on ne voit pas arriver. Décompenser, quand on perd le fil de la réalité de proximité, c'est avant-tout s'auto-alimenter en contenus psychiques risqués. Dans la circonstance présente, je ne me sens aucunement menacée par la paranoïa ; mais scotchée dans l'avidité du flux. Une faim mentale qui ne se suspend que par la sustentation physique. Un stress qui secoue au rythme du film haletant d'un monde en crise.
Qu'est-ce qui, là, se trouve véritablement en jeu ? L'inconscient des guerres nous cerne, sans que nous soyons encore directement concernés. Nous sommes tous éprouvés - moins que ceux, insomniaques, qui soutiennent le feu des bombes ! Rares sont les insouciants. Sortir de chez soi, apprécier le soleil et la tranquillité de la rue, c'est déjà considérer la simple chance que l'on a de vivre dans un pays en paix. Notre nation est exemplaire : via le multilatéralisme, elle prône l'équilibre. Personne n'est-il assez mûr pour le reconnaître ? Qu'ont donc les gens dans leur tête pour ne pas s'y ranger ?
Face aux moult retournements de l'actualité, les émois successifs ne nous laissent aucune chance de reprendre nos esprits. Tout s'emballe. Cherchons donc les constantes. L'ambiguïté stratégique, c'est bon pour l'ennemi. Mais quelle société, ou civilisation, peut longtemps reposer sur des valeurs de défiance sans progressivement s'enfoncer ? Nous sombrons à l'échelle de la terre. Nous gâchons la nature ; nous amputons les hommes. Dans certaines enclaves, la vie fragile se fait balayer par la famine ; les personnes y sont considérées comme "des nuisibles". Tout cela, sous la houlette de quelques leaders auto-vérrouillés. Pourquoi, initialement, les peuples élisent-ils de tels monstres ?
La déconnexion du corps
L'emprise est collective : la masse devient ignorante - plus qu'avant. Sans doute se forme-t-elle moins bien - la faute aux modes et aux contenus notamment des réseaux sociaux. Le lavage des cerveaux est généralisé. Jour après jour, nous progressons lentement dans la liquidation des jeunes générations. L'onde de choc est forte déjà ; elle risque de devenir nucléaire ! La dissolution des ancrages naturels et la perte de contact avec le réel sont la maladie du siècle. On transite dans un film aux allures d'auto-fiction ! Et l'on n'en distingue plus bien les contours dans la mesure où l'on se coupe des gestes nous récupérant, ici et maintenant, dans le corps. Ce corps, récapitulatif de milliards d'années d'évolution matérielle et spirituelle. Ce corps, ressource du mandala complet de notre existence en cours. Ce corps d'expérience et de sagesse ; de jouissance et de douleur. L'éprouver à fond nous fait réintégrer toutes les dimensions dont nous sommes. Autant celles visibles, que celles invisibles.
Cette synthèse de l'incarné nous fait coller à "ce qui est", tout en l'englobant dans un paradigme plus grand. Avec lui, alors, nous respirons et nous acquérons de l'assise (au sens propre et figuré). Sur le plan de l'étonnement à être "ce que nous sommes", nous nous trouvons réconciliés. Nous ne sommes plus rigoureusement seuls - sans, de l'extérieur, être du tout étouffés. C'est ensemble, à un niveau vibratoire plus élevé, que nous devons nous rencontrer. Car c'est en faisant saine unité que la symphonie peut globalement s'exprimer, et l'ontologie se dévoiler La disparité doit savoir s'organiser et s'harmoniser. Et la synchronie, se libérer !
Saisir notre chance
Nos enfants sont menacés. L'environnement est pollué de multiples façons : nos inconscients sont minés. Nous nous chargeons, plutôt que nous nous allégeons. Les nappes d'agression nous arrivent de ceux qui, impunément, saccagent notre héritage... et ne considèrent pas la vie. Sans valeurs "à l'endroit", le monde se suicide. Quelles sont-elles ? Et que nous faudrait-il pour mieux les insuffler ? Quelles sont les conditions de l'éveil ?... afin de surplomber l'épreuve en toute liberté et non plus la subir dans un obscur confusionnant. Ultimement, nous ne sommes victimes que de notre propre faiblesse à ne pas nous imaginer "plus grands". Depuis l'absolu, les petites circonstances de nos fils quotidiens, relatifs, peuvent être jugulées. Tout passe... et redevient froid. A chaud, tout nous semble énorme ; alors qu'il ne s'agit que d'un rêve constant, alimenté en sa dynamique interne. Tout se chaîne... Nos coeurs d'affects prennent le pli. Que ce processus soit vertueux - apaisé et lumineux. Nous avons des choix à trancher... Déclenchons-nous dans la profondeur de nos instincts afin de discriminer le bon grain de l'ivraie ; et achevons ainsi l'oeuvre de notre long chemin.
N'est aveugle que celui qui ne chemine pas.
Anika Mi, 18 juin 2025.