Chamane ! De l’âme à la plume...
Travail numérique, à partir d'un dessin automatique aux feutres. 22/01/25 |
« Il s'agit d’éveiller ou de restaurer un système énergétique subtil qui fait partie du corps. »
« On n'a pas assez mis l'accent sur cette dimension extrêmement heureuse de la voie, qui est de s'ouvrir à l'extraordinaire, à partir de l'ordinaire. On ne trouve jamais l'extraordinaire en passant au-dessus de l'ordinaire. »
« Le monde de l'âme, c'est entrer dans l'amplitude magique de la vie. Il y a quelque chose de bon. »
~ Fabrice Midal
Cf. Notes séminaire 26-30/12/24
Billet pour le Journal de RESO
Afin de « guerroyer » et de « chevaucher », je poursuis l’écrit...
En quoi le chamanisme m’accompagne-t-il dans cette pratique ?
Chaque jour, je défriche et purifie : ainsi, je passe mon inspiration au « hacher » !
L’écrit, c’est d’abord l’espace d’une écoute intérieure, puis d’une synchronisation de l’ensemble des dimensions – afin qu’une seule forme, jaillissante, puisse toutes les traduire.
Pour cela, il me faut élire puis raboter un bouquet de perceptions - afin que celles-ci puissent surgir nues et synthétiques, en leur nouvelle unité et simplicité. A l’image de la vie...
Quand je suis faible ou fragile, d’où me vient la force ?...
Du sentiment, seule ou au milieu des autres, de « me créer ». Me créer dans l’espace inconditionnel de ma liberté, laquelle consiste essentiellement à m’ajuster au réel et à sa rugosité.
La force vient de l’attention au surgissement du temps vivant : de sa perception fine et vive, et de notre capacité en temps-réel alors de nous y relier.
La force émane du lien, de la relation, de l’interdépendance. Elle résulte de l’histoire, de la trace, de la construction (peu importe que celle-ci résiste ou s’effondre). La force s’accroche à l’opportunité de « ce qui vient », à son étincelle ! Y lâche-t-on pour autant « ses racines » ? Non. Car, selon leur émergence spécifique, celles-ci se reforment, au naturel, dans chaque situation.
Ainsi, grâce aux évènements divers de nos existences, sommes-nous des voyageurs en perpétuelle évolution et affirmation ! C’est ce mouvement d’altérité qui, en nous-mêmes, nous fait transiter et, par lui, découvrir le reste de l’univers. Dans le même temps que, sans bien nous en rendre compte, nous ne cessons de nous créer et de nous individuer.
Dès lors que « je me crée », je le fais depuis mon âme, en moi-même dénudée. Je deviens mon âme...
Au fil de l’incarnation, l’âme est agissante selon sa signature propre : elle est créatrice. D’un monde à l’autre, l’âme reste vivante de « ses autres », aimés : elle est affective. Cette vision de l’âme est ma force.
La traduction de l’âme dans mon corps est énergétique, au sens où elle y meut et y déplace la Vie. Plus que nulle part ailleurs, dans la méditation « ordinaire » (assise ou en action), l’âme cheville sa présence au corps – ancre et boussole. Cette sensation subtile, vaste, rassurante, éveillée, est aussi ma force.
Anika Mi - 23/01/25
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Chamanes
Un détour au pays des esprits, non pas solitaires mais unitaires
Je suis du Tout, sensible et ordinaire ; j’appartiens à l’eau et à l’air ; je suis lunaire et solaire
Sous mes paupières closes, des paysages spacieux défilent... tous de nature légendaire
Nos ancêtres les ont bien connus – eux qui en dépendaient pour s’exalter et se sentir vivre
Cloisonnées dans le béton urbain, sombre et pollué, nos survies contemporaines n’en sont plus directement tributaires
... au détriment de leur vivacité d’âme
... dans la négation de leur pouvoir profond
Je me souviens des montagnes et j’imagine la mer
Caressées par la lumière rasante, blanches et accidentées, elles resplendissaient
Agitée par le vent tourbillonnant, houleuse et glacée, elle vit... !
Mes panoramas sont géants !... charismatiques et archétypiques
Mon intériorité est reliée – intime et solidaire
Par eux – ces humains –, le temps d’un rêve, je les deviens : les flancs vierges sont les miens ; l’écume pâle est mon bain
Eux, les aimés de satin, intercesseurs de mon sentiment d’exister
Les yeux emplis d’ample et radicale présence, ils demeurent les garants de ma félicité
A proprement parler, leur âme n’est pas mienne, mais je la ressens comme consubstantielle
Nous nous épousons – pour de bon !
Je visite alors la Terre toute entière ! dans sa généreuse démesure, dans sa stupéfiante créativité
... dans la délicatesse veloutée d’un détail de pétale de fleur sauvage
... dans la finesse auditive du craquement d’une plaque de sel désertique
[...]
Le présent, éternel en nos trop nombreuses années, s’étire comme le ciel
Chaque fois, je rappelle à nous les moments les plus diaphanes
... de ceux, chamanes, qui font surgir et s’agrandir la perception d’une symbiose cosmique
Mon élan devient celui de l’univers
[...]
Extrait du recueil « Les oscillations bleues » (80 textes) – Anika Mi, 2024-25 : 2 janvier 2025 [ p. 197 – 199 ]