L'Arbre, le Bouddha, le Christ - une même réalité
La proposition de l'Arbre relationnel et l'Ange incarné, d'inspiration mystique indifférenciée, épouse idéalement toute forme religieuse géographiquement située ou théologiquement sourcée - en l'occurrence, chrétienne ou bouddhique. Elle embrasse la réalité étendue des champs du visible et de l'invisible, co-contraints au sein de la Totalité.
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"Le Bouddha" par Odilon Redon Pastel réalisé vers 1906-1907 Musée d'Orsay, Paris |
Non-dogmatique, au sens où il n'est pas hégémonique et figé, il tente d'inscrire l'efficience d'une process dynamique d'où émerge la VIE. La VIE, et son éveil à la conscience et à la présence, comme hybridation des règnes informationnel et matériel.
Sur la base mécanique des triades relationnelles, la VIE se développe dans l'entre-deux synchrone et symbiotique de Tout avec Tout. Les agents énactent les uns avec les autres sur le modèle de couplages structuraux "organismes-environnements". C'est à la lisière des frontières membranaires que naissent les transformations intestines des uns au contact des autres. On se déclenche soi-même à l'endroit où le stimuli alter vient percuter sa propre réceptivité créatrice. C'est donc dans l'altérité que l'on se révèle - que l'on se dévoile et que l'on grandit... afin de produire et d'enrichir des propriétés toujours nouvelles, au sein respectivement de notre sensitivité, émotion, perception, cognition et contemplation. En cela, nous sommes littéralement tournés, dirigés vers l'avènement futur de notre transmutation.
Dans les religions, certaines figures incarnent la résolution ultime de ce travail incessant.
Tel est Bouddha, en tant qu'en voie moyenne, il est devenu l'Eveillé ; en tant qu'il a levé le voile sur la Vacuité, soit l'absence de solidité ou de fixité du "soi", soit le mouvement en avant nécessaire à tous les phénomènes co-existants.
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"Christ" par Odion Redon Fusain et craie noire sur papier jaune, réalisé vers 1878-1880 Musées royaux des Beaux-Arts, Bruxelles |
Tel est Jésus, en tant qu'il est devenu le Christ ressuscité ; en tant que dans sa chair souffrante, il a réalisé le mandala entier ! jusqu'à transfigurer sa propre énergie-matière, unitaire et personnifiée.
Il n'y a pas d'opposition entre les vues ; il n'y a que superposition des intuitions, qui se disent chacune selon sa souche d'origine. Ainsi chacun appuie-t-il sur un aspect particulier de l'Arbre : la Bouddhisme sur le lien, l'émergence concomitante au sein de la globalité ; le Christianisme sur l'importance de l'élection individuée - à savoir, chacun en sa signature spirituelle et temporelle, unique et singulière.
Après notre mort à tous, dans la fusion chaude ou glacée de l'Amour, nous retrouverons-nous ? Du point de vue de la physique étendue de la matière et donc de l'Âme affective, qu'est-ce qu'éternellement exister dans la limite même de la finitude humaine ?
Une fois le fossé d'explicitation - que représente la mort - réduit en un point de convergence absolue, serons-nous "rien" ou "tout" ? Ces deux "ultimes" recouvrent-ils en fait la même réalité ?
Au coeur de la synchronie, dans le puits de l'Amour, je me dissous "moi-même" autant que je me substantifie dans l'autre dimension - purement et subtilement énergétique !
Les ecclésiastiques de l'une ou l'autre des traditions ne racontent que l'histoire de cette Création au sein de laquelle, à ce jour, l'Homme tient une place - non pas "à part", ni surplombante - mais désormais essentielle à la survie de l'ensemble, à l'échelle planétaire. En l'Homme à venir, à sa pointe, pourrait se réaliser l'union de l'Ange et de l'animal, l'éclat sommital des propriétés nouvelles de niveau (n+♾), nées de la concorde au niveau n initial, ainsi qu'à tous ceux intermédiaires.
C'est au plus profond de la configuration cellulaire que cette possibilité d'assemble crée l'alignement ascensionnel propice à l'accomplissement cosmique.
Anika Mi (10 mai 2025)
>>> Exposition "Dess(t)ins visionnaires" - espace de la Forêt.