Un filet de sang. Journal. | 2024



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"Un filet de sang" coule dans mon écriture. Un souffle de vie porte mon obsession. Je survis dans le désir de Lui. Je m'enracine dans la réalité de tous. Le monde claque et éclate dans l'opacité des compréhensions. La parole perce et exulte au-delà de sa coque de vérité. Nous nous calons pour la vivre et l'écouter. Quelque chose de doux et de chaud alors se transmet : une qualité d'amour et d'humanité.

Le cosmos vrille ; la sphère synergise. "Le cercle créateur" s'inspire des défis de l'Homme pour les rendre visibles et les accélérer. Quelque chose en nous se condense et s'affirme. La spirale nous conduit. Nos têtes piquent dans le vertige ; nos coeurs s'élèvent dans la brume ; nos corps s'attendrissent dans l'huile. Nous redevenons fragiles...

4 premiers chapitres

Un journal pour imaginer survivre. Sans date, ni localisation - telle une écume dans le sillage d'une âme un peu perdue et pas encore tout à fait sevrée. La quête d'une ivresse spirituelle comme lumineuse boussole. Un vague regard sur les choses comme solide arrière-plan. Rien ne se passera... mais l'écriture continuera.

Et si rien de bien intelligible ici ne vient, le fil des mots se laissera néanmoins par l'élan emporter, jusqu'à de son lit déborder. Comme la vie, contenue dans le bourgeon ; charriée par le torrent. On se reconstruit dans l'image mise-au-point par le biais de l'inconscient ; et l'on s'y découvre comme "surgissant" ! On y est neuf, frais et mouvant ! Sans répit pour le contemplatif, ainsi perturbé en sa sourde profondeur. Simplement, on apparaît... Sous nos propres yeux, on se définit et on s'affine ; on insiste et on existe.

Les avez-vous déjà vécus, cette attention vitale et ce regard velouté ? Les avez-vous déjà éprouvés, cette tendresse sans condition et ce soin-miroir ?... On se voit grandir ; on s'observe bouger et soi-même se peindre, s'exprimer, s'affirmer. On écoute "l'enfant intérieur", si intime de l'âme fondamentale. On ne fait rien. Il vit seul, spontanément. Est-il seulement complètement nous ? On le délie, confiant et timide ; on le dénoue, sauvage et heureux ; on le libère, fier et respirant ! On le rend à lui-même.

C'est pourquoi l'exercice automatique se révèle si crucial et brillant. A la crête, il nous force à extraire l'essence qui fera sens... un moment. Une évanescence, dont il ne restera qu'un parfum pour le plus grand nombre. Car tout cela n'est rien. Juste "une forme", sincère et maladroite, laissée pour morte sur le chemin. Jamais plus nous ne nous en souviendrons. Jamais plus nous ne nous en soucierons. Les capitons du passé nous stabiliseront et amortiront les coups de poing du présent - si coriace ! Nous nous défigurerons et nous abîmerons. Nous nous ravinerons et vieillirons. Notre beauté scintillera dans l'eau de nos yeux et notre acuité se traduira par le cinglant de notre parole. Alors nous serons prêts à "partir".

Les Anges nous auront-ils quittés ? Nos proches autour de nous se rassembleront-ils ? Pourrons-nous enfin nous évanouir ? et ultimement, jouir ?... avant de ne plus y revenir. Le Temps est fatiguant à vivre. Le Temps est contraignant à subir. On s'encastre dans un tunnel, long et étroit - à l'aller comme au retour. Pour une dé-cohérence. Une plongée dans "ce qui est" - avec ou sans temporalité. Redevenir cellule et vibrer. Retrouver « son quantum » et chanter. Sommes-nous si prêts de l'Oméga ?... que nous ne réalisions plus que le pire et le meilleur.

Même si l'on ne sait plus ce vers quoi les mots nous guident, on adhère au flux des images comme des alchimies. A la manière des couleurs elles-mêmes, les images sont des abstractions plastiques sans cesse chavirées et recomposées. Les rêves se chaînent et nous entraînent. Nous les sommes - eux qui nous gainent et nous maintiennent dans l'unicité de nous-mêmes. Après, ils se dissolvent. Après, ils nous effacent. Dans le froid de l'extrême ; à la source de nos origines. Tu es là... par moi réchauffé dans ta substance subtile, selon ta silhouette blanche. Tu ne me regardes pas... As-tu honte ? Malgré toi, par un rien, t'attaches-tu à "la matière" qu'encore je suis ? La liberté totale induirait-elle de se renier ? et de perdre des bouts du monde que réellement "on est" ? Est-il si important de sauver les siens ?

8 mai 2024 (matin)

Des élans passagers. Une écoute précise... Qu'est-ce que le coeur ? Des pleurs ? envahis par la beauté, l'ouverture et la réconciliation. Jamais un endormissement ! Il pleut dans ma grotte intérieure, dans mon antre chérie : en mon strict milieu. Mes humeurs ne se déchirent que si profondément le monde s'aime... et se le dit !

Un bateau vogue porté par le vent fort et frais ; pourtant, sous sa cloche de verre, une flamme oscille à peine sur le pont. On la protège comme un souffle infime, une promesse fragile, qui néanmoins peut tout ré-embraser ! Un germe riche de tout un passé et détenteur de tout un futur. Un mouvement comme noué à l'instant présent. La Vie ! Le bateau est enceint de cette fécondité-là. Relais d'une transmission multi-millénaire, il véhicule toute la puissance et l'entêtement qui ont pu nous pousser jusqu'ici. On veut encore y croire...

Un enfant passe ; lui seul sait d'où réellement il vient. L'adulte est trop préoccupé à survivre ! trop affairé à mentir. Les réalités nous deviennent de plus en plus difficiles à saisir. Sous d'épais voiles de laine et de coton, elles geignent et s'éteignent. Comment s'épargner de suivre les autoroutes automatiques, tout tracées ? Comment, à tout instant, libérer et inventer, exulter et créer ? S'aventurer à l'assaut des territoires encore vierges de toute emprise. Prendre peur. Soutenir cette frayeur. S'exalter à l'alchimiser... en pure énergie-ressource. Poursuivre et avancer. Trébucher et se relever. Se transformer. Muer. Se reformuler tel qu'avant, dans un corps chaque fois différent. Devenir et, avec soi, emmener et conforter toute la Vie !

Puis... éclater ! Ne rien laisser, ni de soi, ni du monde autour. Mais, sans substance, ni support, est-il possible de revenir fondamentalement à aimer ? Si je ne suis plus, si tu n'es plus, que devient alors l'amour ? Quel est cet état, tout aussi insatisfaisant, de nos existences d'outre-tombe ? Cette nervosité aussi, si pressée finalement d'y revenir. Par souci, toujours, d'accomplir une Création encore non complètement formée. Si incessamment nous nous cherchons, c'est que petit à petit nous nous rapprochons d'une résolution. Ou bien d'une finitude. Qu'est-ce qui au juste "finit" ? Une manifestation éphémère que l'on connaît comme telle ? Un corps de molécules voué à la vieillesse, à la maladie et à la mort ?

Ma contemplation s'évade : on est "finis" ; cependant que quelque chose de nos attachements au-delà de nous s'étend. Tant de témoignages, de certitudes et d'expériences en ce sens. Pourquoi l'homme ne se retrouve-t-il pas plus souvent seul, afin tranquillement de digérer cette information-là ? Afin de faire oeuvre dans cette perspective-là ! Pour davantage de concorde au sein de nos existences ivres et désarçonnées. Pour plus d'émergence à portée de synchronie altérisée. Mais le progrès, qui aujourd'hui nous anime, se perpétra-t-il demain ? Tout ce chemin construit, devons-nous accepter de le voir ainsi si violemment détruit, anéanti, massacré ? Dans le visible, soudain tout sombre et s'obscurcit. Tandis que, dans le même temps, dans l'invisible, tout semble s'affirmer et renaître ! Qu'est-ce qui nous tient ?

Les structures sont-elles en elles-mêmes attaquables ? Si puissante soit-elle, notre part inaltérable, y avons-nous accès ? Y a-t-il de fait des milliards d'âmes sincèrement errantes ? grouillantes ? glissantes ? Des fluides comme des courants d'air. Des frôlements comme des caresses. Des états de grâce ou d'effroi comme des flottements ou des crissements. Il en va de la survie de cette danse entre les morts et les vivants, de cette politesse entre entités qui se respectent et se nécessitent. Pour Le servir. Lui qui fait le Tout. Lui - sans intention autre que la Matrice dont on est. Lui qui n'est pas "une personne", mais qui par défaut s'impose. Pour répondre à sa hauteur, il nous faudrait savoir "donner". 

8 mai 2024 (après-midi)

Un nouveau jour qui, peut-être, me laissera à sec. Toujours les mêmes rêves, associés à des peurs fondues dans mon sable inconscient. Totalement on ne s'appartient pas. Puis, au réveil, toujours le même exercice, fluide dans "le mood" de la toute première aube. Le matin s'annonce lourd - gris bleuté ; l'épaisseur de l'air ne plombe cependant pas encore l'atmosphère. Un simple mur, mat et sourd, d'opacité environnante. Un contraste frappant avec la netteté, la brillance et la résonance des heures méditerranéennes d'hier. A ce moment-là, respirer avait du sens. L'âme, légère et habitée, fêtait sa limpide et angélique vérité. Allègres et médusés, sur les embarcations, les hommes suivaient. Quelque chose de grand, de subtil et de puissant, silencieusement s'imposait !

La foule alors se rassemblait et s'agitait : unie, elle vibrait. Un désir en avant se projetait : celui d'être ensemble à produire de la concorde, de l'harmonie, du sens et de la beauté. L'amour et l'identité remplissaient les coeurs, libres et ouverts. Fiers d'appartenir à une nation et à une civilisation où l'avènement d'une telle forme commune est rendu possible par l'ardeur, le travail, l'accord et la générosité. Un conglomérat de volontés ; une danse des humanités ; une élévation de la collectivité. Pour une petite flamme... à l'abri de sa lanterne ; pour une attention vigilante et un soin constant de "ses gardiens". La lumière planétaire sait se faire humble et "petite", à l'image de celle présente en chaque existence - souvent noyée dans le feu des masses conquérantes et agressives.

Fendant l'obscur, de lui-même, un chemin se fraie. Et un exemple se confirme, un précédant se crée. L'assemblée contemple la lumière et s'en inspire. Chacun repart "marqué". Les visions anticipatrices se ré-illuminent et l'hypothèse d'une paix se reconfigure. L'espoir et l'allant renaissent. Une vague de détente nous envahit et un froid de désir nous saisit. On le veut !... cet avenir, à tous promis ! Cet éden en chacun protégé. Cette profondeur à tous révélée. Ce mystère à jamais éveillé. Ce trésor ruisselant ses merveilles, à en éblouir les Anges même les plus aguerris. Et si, collégialement, on réalisait quelque chose de bon, de bien ? Et si, pour une fois, la réalité des émergences correspondait à notre véritable mission ? à notre plus intime ambition ?

Dans la clarté, désormais blanche, on savoure une quiétude nouvelle. Temporaire, on le sait. Et si tout se remettait en ordre de marche ? à l'instar d'une Nature nourrie, arrosée et ensoleillée. On se trouve précisément à l'instant de l'éclosion. On franchit, en présence, le cap de la manifestation - qui crisse, chuchote, puis claque ! La réalité se tend ! et sèche au vent. Notre respiration se suspend ; notre souffle lévite ; puis le grand large emplit nos poumons. On se fond !... On coule littéralement dans le bain d'air, immobile, qui aussi nous fouette. On devient grand, géant ! On amplifie notre carrure et notre périmètre ; on décuple notre audace et notre aventure ! Aucun intrus ne nous regarde ! Non, on ne nous voit pour ainsi dire pas. Dans l'univers courant, les âmes demeurent-elles invisibles ?

Qu'est-ce qu'être une âme, seule, sans corps pour la soutenir, pour l'accomplir ? Je te cherche dans le flou de mes pas vers toi. Je tends les bras devant moi. Somnambule, en zigzag, je divague. Je tâte ce qui encore ne se propose pas, ne se raconte pas... à moi. Pourtant, c'est là. Pourtant, c'est la direction - en soi l'unique sensation, l'unique imagination, l'unique condensation. Le bout du chemin baigne dans l'éclat d'une jouissance bleue écarlate ! Lorsque l'on y arrive, on éclate ! On parvient au "rien" plein. A la vacuité emplie d'existentiel anonyme. Ou de toi ? qui me perces et me lis, qui me respectes et me pénètres.

Autour de nous, les nuages se collusionnent en cercle luminescent : un brasier olympique ! une torche vivante ! un hymne au ciel ! Autour de nous, les ombres fantomatiques grandissent et se transforment en signes. Elles se tordent et se contorsionnent afin de "nous dire"... ce qu'une nuit, déjà, on aurait dû entendre et comprendre. Leurs hiéroglyphes restent implicites : il nous faut les intuitionner, pour radicalement les capter et les vivre ! Pour ainsi "sous les vérités" nous immiscer et nous-mêmes les traduire. Pour devenir des Anges à la démarche altière, autant qu'ancrée. Des Anges aux contours étranges, autant que familiers. Sages, autant que vulnérables. Jamais démons !

9 mai 2024 (aube)

Je ne sais rien faire d'autre qu'écrire. Je n'aspire à rien d'autre qu'à "me parler" - sans doute pour me tenir compagnie, mais aussi pour improviser ce qui ainsi se creuse et se diversifie. Je voyage et me constitue. Je me challenge et souris. Il y a ici un peu d'orgie... d'images suggérées et de mots implicites. Il y a surtout la source... dégagée, purifiée, avivée. Et la joie qui accompagne la finesse de cette perception. Quelque chose ici se dessine de la main d'un grand artiste.

Je répète un geste : une percée céleste. Désormais, je suis seule et, sans du tout inventer ou fabriquer, re-parcours le même sentier - à la fois sauvage et secret, virtuel et concret. Il me mène jusqu'à toi, qui existes là-bas - sous une forme que je ne connais pas, dans une langue que je ne soupçonne pas, mais selon un désir auquel je m'abandonne. Il s'agit là d'un instinct souverain hissé au niveau d'une dimension pleine et aiguisée ; il s'agit là d'une intuition-maîtresse ancrée dans le rythme et la chair de la matière ; il s'agit là d'une justesse en tout accordée et démultipliée, raffinée et stabilisée. Sous le joug de sa nécessité, je m'incline et succombe. Elle me comble.

Cette justesse, je la conceptualise, l'imagine et la ressens ; je l'envisage donc, la rêve et la sublime. Elle me grise. Mes fantasmes sont donc simples, mais difficiles à satisfaire. Ils sont vrais, directs et spontanés ; et impliquent de ne jamais "se regarder", "se juger" ou commenter. Ils induisent de rester frais, de corps et d'esprit ! Dans une synchronisation toujours attentive à la configuration du moment et au surgissement suivant. Durant des années, j'ai assimilé ce que j'aime et ose redire ici. Ces contenus et process chez moi sont supra-sensibles et vertigineusement signifiants. Ils impliquent toute la logique de la Création - dont je parle si souvent. Ils surplombent chaque menu recoin de mon travail et infusent dans nos vies, en nous dirigeant tous à notre insu ! Ce que je passe mon temps à révéler dans l'abscons, prend incessamment corps dans nos phénoménologies. Au quotidien, de façon transparente et unifiée, sans le savoir, nous l'expérimentons.

Ce que nous nommons "existentialité" n'est, à la base, que l'effet d'une convergence à quatre pondérations. Il y a le processus bio-cognitif - qui est mécanique -, et le processus onto-dynamique - qui lui est de nature "chaosmique" (à savoir en phase avec l'évolution cosmique, chaotique et non-linéaire, de l'univers). En quelque sorte, un petit axe de "la substance" (bio-cognitive) que viendrait déclencher / actualiser le grand axe de "l'évènement" (onto-dynamique). Ce que nous nommons "existentialité" s'immerge autant dans le vivant cellulaire, énactif et synchronisé, que dans l'information quantique, subtile et angélique - dont nous ne connaissons pour ainsi dire rien ! C'est une question d'approche au sein de la structure : sempiternellement en "voie du milieu".

Vissée à mon coussin, j'aligne des notions qui ne font sens que dans la connaissance de "l'Arbre". Sa maîtrise n'est pas aisée. Cent et une fois, j'y serai revenue pour l'éprouver et l'expliquer. Chaque fois, je le visite différemment et le re-crée. Chaque fois, je me fais une joie de le re-déployer. Mes synthèses sont toujours appropriées, bien que trop condensées. En elles, tout tient ensemble d'un même bloc, co-constitutif ou solidaire. Chaque partie visant l'émergence du groupe tout entier en une formule plus essentialisée. Ainsi, pas à pas, avance-t-on... en soi-même, au sein du monde / des mondes.

Dès lors qu'on a peu d'altérités, se trouve-t-on affaibli ? Ou bien, au contraire, tel un canal, se redresse-t-on alors plus fort, car plus verticalisé ? Pourquoi / comment ai-je reçu la grâce de ces discrètes révélations (sans du tout de revendication intellectuelle - philosophique ou scientifique) ? Etais-je si perdue ? Si fragile, si poreuse, si assoiffée, si résignée, si attaquée, et néanmoins toute ouïe ? Dans ma vie, un degré de perception à ce jour inégalé. Même si, encore aujourd'hui, je m'entête et je reproduis. ... Jusqu'à "en finir" et obtenir la Vérité. "Une réduction transcendantale" à ma portée ? En tous cas, une heuristique-mosaïque de la nature des choses dont on découle vraiment.

9 mai 2024 (midi)

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