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Billet sur l'agression - 19 juin 25

Les crimes de guerre

Comment les mondes de l'agression se répondent-ils à la chaîne ? Comment en suspendre la succession ? Ils s'alimentent mutuellement. Le cercle est vicieux.

Des "Trois poisons" du bouddhisme, l'agression - reposant sur une colère à définir - est le plus incompréhensible. Désir, au sens avidité, et ignorance, au sens indifférence, sont plus communément partagés et acceptés.

L'instinct de possession des "Fantômes affamés" n'est pas bon. La paresse passive des "Animaux", non plus. Mais on peut les investir et les tolérer. Quant à la violence perverse, pour moi, elle demeure du domaine de l'impensable. Elle franchit la ligne du Diable ! L'effet d'entraînement du groupe peut exister ; l'exaltation démesurée corrélative à la satisfaction d'une vengeance, aussi. Les militaires sont prisonniers des buts de leurs guerres - que celles-ci prennent l'initiative sur le terrain ou se contentent de riposter. La marche en avant du karma est dramatiquement lancée. Le préciosité de la vie humaine n'y est plus ; la destruction emporte tout.

Jusqu'au bout de leurs forces, les soldats des deux camps s'épuisent en répliques sommaires et radicales. Savent-ils encore pourquoi ? Enfermés dans des repères hiérarchiques cassants, mesurent-ils leur perte d'autonomie quant aux valeurs inconditionnelles ? Comment peut-on ainsi se transformer en tortionnaire ? L'empathie les a quittés : ils ne ressentent plus ce que l'autre peut éprouver. Et l'autre, de même. En son for intérieur, plus personne n'est ouvert à la subjectivité de chacun ; tout le monde se trouve... réifié pour les victimes et robotisé pour les bourreaux. Qui est le véritable martyre ? Car chacun pourrait être dans le rôle de celui qui porte les sévices corporels. Entre les deux parties, il y a brouillage d'ondes ; elles ne se captent plus que dans le sadisme de celui qui prend plaisir à voir l'autre souffrir.

Nos motivations-sources ?

La cruauté fait-elle partie du coeur de l'homme ? Dans le mandala complet, où la loger ? A partir de quand nous contamine-t-elle ? Nous dépasse-t-elle ? Jusqu'où est-on susceptible de se transformer / déformer soi-même ? Jusqu'à quel extrême la survie peut-elle nous emmener ? Qu'est-ce qui ainsi nous pousse à ce point à EXISTER ? Je ne le sais... car je pêcherais davantage par excès inverse. Mais cela semble archaïque et têtu - encodé au sein de notre chaîne de commandement génétique. Tel un surgissement incessant. Une auto-génération spontanée que presque rien ne peut enrayer. 

La vitalité, en lien avec la soif de création (de soi), se dessine dans l'ordre des dieux. Elle caractérise le monde, et même l'univers entier. Cette force du dedans, liée à l'égo, peut être utile si elle nous sert à nous ancrer dans une terre autonome, ouverte à la relation ; elle se rend nuisible si elle vient corrompre le lien entretenu à la Totalité. Souple, filtrante, elle féconde. Rigide, étanche, elle tue. Adaptative, elle se faufile. Dictatrice, elle annihile. L'égo peut être notre pire ennemi dès lors qu'il gonfle au-delà des limites de la santé fondamentale ; dès lors qu'il s'opacifie en-deçà des champs de vision communautaires. Dès lors que le cinéma intérieur prend la place de la perception environnante.

Là où les blocs en présence sur eux-mêmes se referment, il n'y a plus d'émergence possible dans l'entre-deux. Plus de co-création en dynamique vers les niveaux supérieurs. Alors, il y stagnation, régression, voire anéantissement. Est-ce cela que l'homme veut ? De quelle manière absorber et/ou éradiquer tous ces foyers d'insurmontable discorde ? Car, telles des cellules cancéreuses, ils pourraient bien emporter l'organisme tout entier... jusqu'à sa mort réelle !

A venir...

Nous ne sommes plus disséminés sur une planète plus grande que nous ne pouvons la remplir ; nous évoluons dans des écosystèmes que nous saccageons. Déjà en surnombre, nous nous étouffons. Par la montée des eaux, le réchauffement climatique rétrécira nos zones d'habitat, provoquant des exodes massives vers des lieux qui n'en voudront pas. Rapidement, le citoyen occidental devra réviser ses préalables de confort d'existence afin de permettre à l'ensemble d'être durable. Car, à ce stade de développement industriel et technologique, l'équation multi-factorielle du système est non-soutenable. La puissance et la vitesse l'emportent sur la sagesse et la raison. Nous ne savons pas où nous allons.

La nature est résiliente ; elle se régénère vite quand l'homme n'y est pas. Mais, peut-être, pour nous, existe-t-il des points de non-retour ? Je ne vois pas comment, collectivement, nous pourrions nous montrer assez conscients et vigilants. Car, en horde(s), nous ne manifestons qu'égoïsme et bêtise. Nous suivons le plus démagogue et nous résistons au plus clairvoyant ! C'est à se demander qui sont "tous ceux-là" ? La teneur de leur vérité  et la portée de leur moralité ? Ils pèsent en tous cas plus lourd que ceux qui, actuellement, se voient couler. 

Ce que pensent la plupart des gens, dans l'intime de leur être, reste un secret touchant à leur intégrité profonde. Cependant, passablement dégradé et superficiel, leur film mental devient potentiellement nauséabond et, surtout, dangereux pour la globalité ! 

"Père, pardonne-leur... Ils ne savent pas ce qu'ils font !".

Anika Mi, 19 juin 2025.

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