Au jour le jour #1 #chute #séparation

Les 7 réalités, selon l'Arbre.


Nous développerons ici une psychopoïesis épousant 7 principes de réalité – tour à tour éprouvés à la manière de « mondes » en perpétuelle bascule. Ceux-ci s'égraineront et s'incrémenteront au fil des jours et de la vie, polarisant des moments de sensibilité selon une cartographie relationnelle holistique : celle de « l'Arbre ».

L'Arbre : une arborescence spectrale, parcourant une palette phénoménologique des plus amples et contrastées. Qu'est-ce que l'Enfer ? Qu'est-ce que le Divin ? Entre les deux, qu'est-ce que l'animal, l'angélique ou l'humain ? Pour quelle évolution, quelle résolution ?

En superposition de cela, quels sont nos états – sensoriels et conscients ? Comment les retourner s'ils sont difficiles ? Comment les perpétuer s'ils sont sains ? La Vie nous travaille toujours dans le sens de la Lumière…

Ainsi, pour nous, l'Arbre en devient-il thérapeutique. Sur la base d'une introspection mimétique avec lui ou encore sur le principe d'un entrainement de l’esprit, sans fin, en effet, nous pouvons le revisiter ou l’actualiser dans ses correspondances avec notre psycho-affectivité.

Dans sa manière sans cesse de faire naître, émerger ou apparaître, l'Arbre s'assume en tant que pourfendeur de la peur, du blocage et de la division. Ainsi, par le fait même de son instabilité, généralisée et acceptée, l'Arbre vital et (ré)générateur peut-il même être source d'adaptation, de mieux-être et de pérennité !

Suivant une flèche temporelle ascendante – celle de l’évènement –, s’auto-organisent successivement les pas de la matière, de la vie, de la pensée et du sens. Une évolution, fruit du travail intestin d’une substance non-duelle : celle du manifesté (la Vie – l’Organique – l’Animal) se développant sous l’effet du latent (le Nouveau – l’Information – l’Ange). Entre les deux, une attraction, une co-définition et une émergence en voie du milieu : celle de l’Homme, parcourant une échelle vertueuse allant de la Chute à l’Ontologie, en passant graduellement par la Réparation, la Synchronie et l’Oméga – en tant que finalité globale, intégrale de tous les horizons.

Au fil de l’impermanence des jours, un équilibre dynamique incessant à conforter – à dompter et à enrichir.

#7 #ontologie
#5 #information
#6 #oméga
#4 #vie
#3 #temps
#2 #réparation
#1 #chute

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La chute, c'est quand il n'y a plus de relation, plus de synchronie, plus d'amour. La séparation d'avec le monde crée un sentiment de vide, vide. Une radicalité qui fait régresser dans l'archaïsme de guerres intestines, anciennes, d'une implacable dureté, d'une insoupçonnable cruauté. On se hait. Il s'agit là, de soi à soi, du microcosme de "l'enfer" - vu comme architecture de glace. Dans le râle d'un craquement. Dans le frigide d'un étouffement. Dans la rupture d'une liaison. L'enfer n'est fait que de ce qui ne tient plus "ensemble". Il ne faudrait pas pouvoir descendre si bas... Il ne faudrait pas pouvoir s'effondrer si profondément. On y végète ou on y meurt... dans d'affreuses souffrances. Ici, les fantômes se survivent à eux-mêmes, prisonniers d'un dédale labyrinthique inconscient, habité par l'abîme, le manque, l'effroi et la peur.

10/12/23 (nuit)
Moment creux de la fin sans que rien ne lui succède, sinon l'attente du remplissement prochain.
... Qui jamais ne vient.
Une pleure dans la nuit.
Celle qui de toi m'éloigne – toi, mon âme grise.
Un élan sacré qui lâchement se désamorce, est-ce possible ?
Une amertume salée qui désintègre l'autour, est-ce l'amour ?
Il y a des fins de vie douloureuses, qui tournent court ; des incompréhensions qui longtemps s'installent et des acceptations qui perdent leur essence.
Je baigne encore dans l'innocence de ce passage, signant l'agonie du mystère fécond, en même temps que la disparition de l'éphémère abscons.
Psychiquement, je m'arrête, tandis que mon corps, lui, survit.
Spontanément, je m'inonde de supplices sadiques et masochistes.
Je franchis alors le ravin et dépasse un avenir qui ne conduit à rien.
Soudain, en moi, le monde surgit ! implacable et violent ; lent et sans sentiments. Pire qu'un animal !
Suis-je dans le déni ? Mes reconstructions sont faciles et mes points finaux peu crédibles.
La migraine me porte au sommet de ma haine.
Le désintérêt m'enfonce dans le pli vicieux de l'ennui.
J'aiguise mes envies et ainsi, maladroitement, me saigne.
Je n'ai plus d'amis ; l'écriture me soulage à peine.
Mon amour est-il parti ?
Comment tenir en temps de guerre ?
Tant de destructions massives et tant de vent violent sur nos vies – en péril jusqu’au sursis.
Et si, après, dans l'autre vie, on cherche encore à "se suicider", c'est que toujours on oeuvre à rebours de la fièvre.
Impressionnés par le souffle, renversés par les éboulis, blanchis par la poussière, on souffre.
Le silence nous étouffe...
Pourquoi est-on encore vivants ?
Un rien nous serait fatal – et, vivement même, on le souhaiterait ! on l'accélérerait !
Jusqu'à "partir", fuir et devenir... autre chose que la maladie.
On vit un monde "en flèche" !
Instillée dans la chair virtuelle des "jeux vidéo" et autres "metaverses sociaux", l'information numérique intégralement nous broie ou nous foudroie ; nous ne l’incarnons plus.
Traversons-nous une période de grand froid ? ou de distanciation singulière ?
Nous sommes ivres et gelés, raides et paralysés.
Saturés d’horizons, nous tétanisons – sans mot, ni expression ou frisson.
Figés, nos visages restent muets, dans la congestion.
En nous, quelque chose s’accouche… de grave, de mou et de douloureux : un ange ou un démon ?
La terreur est maximale !
Le suspense, insoutenable. La foi, liminale.

10/12/23 (matin)
Rien en moi ne s'écrit sans imprimer sa fermeture et son doute.
Un spectre se dégage : celui d'un fantôme qui a mal.
Coincé dans l'espace, il ne transforme plus son information initiale.
Asphyxié dans son voile, il ne se libère plus d'une aspiration de fond.
Une macabre constellation.
Un gouffre sidéral : le trou noir qui excite le cri du fantoche que je suis.
Une accentuation, non de la douleur, mais bien de la peur !
Un univers de fracture et de séparation, d'enfoncement et de disparition. Depuis ici.
Je ne perçois aucune résurgence de vie.
...
Un seul mot de l'autre, pour se dédire de l'obscurcissement et du souci.
Une gratitude qui soudainement détend et se replie tendrement dedans.
Une amplitude, bientôt, qui desserre l'étau nerveux, approfondit le rythme pulmonaire et rassérène le sens du vécu.
La galère progressivement se désarme - sans que, pour elle, le coeur ne se charge plus lourdement.
Le mouvement semble revivre, dans un frottement de tout juste naissance.
Les sons sont des gazouillis, légers et frais !
Et les odeurs, des parfums piquants et purificateurs.
La tête alors s'endort, au profit du corps, soutenant et salvateur.
L'onde descend...
Son fluide se diffuse, jusqu'à liquéfier "le spectre" qui s'évanouit.
Un soleil apparaît, à l'horizon d'un paysage cotonneusement enfoui dans la brume matinale.
La lumière ressurgit !
... Accompagnée de solitude, et de mots pour la dire.
... Baignée de douceur - propice à la réconciliation des atmosphères.
... Cosmiquement traversée, jusqu'à soi.
... Librement ré-ascensionnée, depuis les affres du périple humain.
L'énergie, d'elle-même, cent fois s'est retournée ! sans que l'ombre, en elle, ne parvienne définitivement à se taire.
Encore une fois, qui me sauve ? si ce n'est l'autre, plus résistant que moi ; et l'Ange, entre nos doigts.

28/12/23 (après-midi)
La maladie, telle une désagrégation du lien qui originellement nous tient.
Le mal-être, telle une rupture de focale dans l’imaginaire ordinaire.
Dans le vertige et la douleur, tout tourne et frissonne.
Dans la torsion et l’abscons, tout se courbature ou se durcit.
Dans l’absence et le vide, tout se refroidit et s’évanouit. Mon corps m’engloutit de nuit.
Je n’ai plus que lui pour, encore, quelque part, apparaître !
Mon sentiment migraineux me laisse à peine respirer, tandis que, lourds et pâteux, mes yeux s’ouvrent difficilement.
En pleine torpeur, j’écris. Relis et corrige…
Dans un bain de sueur, la fièvre me transporte au pays stérile des serpents cosmiques et des lutins farceurs.
Un archaïsme régressif fausse mon rapport à l’imaginaire flamboyant.
Je dégringole « les mondes ».
Des insectes se pressent sur mes paupières, à la surface de mes joues et à l’intérieur de ma bouche !
Une fois ouvert, mon palais ne veut plus se refermer !
Une fois contaminée, ma salive ne veut plus couler…
Par l’avant, je me trouve absorbée, déversée ; et, par l’arrière, clouée, figée !
Immobile et tétanisée, j’observe.
Hors de mon être, j’accueille… ce qui ne fait que me traverser.
Après ma mort, me retrouverai-je ainsi ligotée ?
A devoir affronter des visions tout à la fois magnétiques et obscènes ?
Je suis « en bas » ; tout en bas de toi.
Tu ne me parles pas, et te détournes de moi.
Ton ombre m’aspire, au plus mal.
Elle se déforme sans fil, ni lueur.
Je ne sais bien… ce que je dois faire de ça.
Je ne sais bien… ce qu’il advient de toi et de moi.
Le silence écrase ma planète, concave.
Mon ressentiment reste flou et diffus ; ma rancoeur ne s’exprime pas encore.
Je suis en instance d’accouchement – pour une vie inédite, sans plus de désir, ni d’attente.
Ma déroute existentielle creuse cette fois plus en-dessous, dans le Nouveau.
Et mon organisme ne dit mot.
Péniblement, il suit… bourré de traumatismes et porté par la grâce.
Paradoxalement, je me sens légère… et quelque peu ivre sans joie.
Je vais rester là.
Seulement à patienter dans le strict noir et à m’écouter depuis cet aveugle miroir.
Jusqu’à la pénétration nue et à la déraison pure.
Jusqu’à l’incision complète de cet abcès qui, dans la profondeur, me ronge et fait pression.
Jusqu’à la purge avérée de cette gangrène qui, dans ma chair, progresse et s’installe.
Jusqu’à cracher mon amour et mon âme !

1/01/24 (fin de journée)
Ce n’est pas un jour pour « une chute » !
Pas un jour pour une ombre au spectre gris, d’une aussi intense sensibilité !
J’épouse toute sa superficie.
Son voile m’enveloppe, tel un derme nécrosé ; sa menace me surplombe, telle un dieu mal disposé.
Seras-tu là, demain ? Ou me sacrifieras-tu sur l’autel de ta douleur ?
Je n’y vois plus clair et, de peur de souffrir, atrophie mes perceptions.
Peut-être n’ai-je pas assez à te dire ? Peut-être trouves-tu ma rivière encore trop sage ?
Dans mon marais, tout est vert ; cependant qu’au fil de l’hiver, tout y stagne et se délite vite.
La fraîcheur mousse encore « blanc » à la surface des organismes en multiplication : me pourrirais-je de l’intérieur ?
Au coeur de la forêt vierge, je sinue à fleur de lisière.
Mon embarcation se faufile, ouvrant une trace limpide à sa suite.
L’eau y devient pure : y grandissent de petits lotus roses et de somptueux iris bleus.
L’eau y devient transparente : la qualité de son oxygène m’encourage à pagayer !
Je navigue dans le sillage des aventuriers de l’Amazone…
Et observe le silence dans le respect des peuples indigènes – dont aucun véritablement ne se montre à l’occasion de mon passage, pour eux très anodin.
Je m’enfonce dans la densité tropicale, de plus en plus étouffante et liquéfiante.
La sueur soudain me monte au front, et des gouttelettes perlent des pores de ma peau de satin.
Je suis perdue, seule et loin… J’entends des sons, jamais sereins ! J’appelle la confiance, toujours éteinte !
Plus avant, dans le chenal, je poursuis mon étreinte… jusqu’à oser poser le pied sur le talus glissant et perché.
Verticale sur mon axe, alors j’écoute !
Je guette un cri du ciel pour orienter l’apeurement de mes pensées !?… ou bien une semonce de la terre pour ensevelir le trop vif de mes tremblements !?
Physiquement, je suis désemparée, prête sur place à m’effondrer !
Lâchement, quelqu’un – que je ne connais pas – m’a abandonnée !
Sans doute méritais-je ce traitement ! Au nom de ma prétention et de ma vision !
Ainsi fallait-il nécessairement me remettre « à l’endroit », et éprouver plus avant ma simple foi.
Car c’est dans l’impasse que se manifestent le plus les démons ; et c’est aussi dans le soubresaut que se révèle le plus la direction !
… Celle que je ne suivrai pas – pas sans toi.
Je ne suis pas l’aube ; mais la chaleur au coucher d’un soleil cuit, orangé.
Je ne suis pas l’ivresse ; mais bien le câlin, enroulé autour d’une feuille de parfum.
Je ne suis pas la jouissance ; mais plutôt sa trop lourde substance ! sans essence.
Moi-même le tournant, la fin ou la bifurcation !?
Alors, sous moi, dans la boue, je creuse un puits et y vide toute ma démence.
Jamais je n’irai jusqu’au bout !

9/01/24 (fin de journée)
N’être d’aucune humeur ; ne participer à aucune réjouissance.
Et traîner la vanité de son propre voyage.
Dormir auprès des spectres qui ne disent plus rien.
Lentement se tarir, sans plus rien oser exprimer de clair ou de tranché.
Imperceptiblement, sans même une impression, se retirer.
Ne plus vouloir « en être ». Et même, ne plus vouloir « être » !
Sans goût pour le suicide, ne plus chercher de soi-même à rien affirmer.
Sur place, s’évanouir – sans suite.
Dans le désert intérieur, s’évaporer – sans trace.
Une disparition anonyme et perspicace ; une volonté qui s’assume et qui sait.
Un simple glisser-dévaler ; un unique fracas !
Un authentique vol plané ; un dernier hurlement !
Le long de la tyrolienne, je vois passer ma vie.
Elle est finie.
A l’arrivée, je freinerai… ou pas.
Personne ne m’accueillera ; c’est en cela que je n’existerai donc plus.
Mes souvenirs seront perdus – dissouts, balayés !
Je n’aurai en rien su perdurer.
Durablement, je ne me serai pas exprimée. Chaque fois, si mal !
Au plus profond de mon expérience, aucune lueur… aucune sensation.
Dans ma plus intime conviction, aucun espoir… aucun vent.
Cette fadeur, qui enveloppe tout, n’est pas fine. Ni experte !
Elle ne traduit que l’abattement, la déception et l’ennui.
… En rapport à quelque chose de bien indéfini : comme un étau de pierre lisse et froide.
Aucune énergie pour se réchauffer. Aucune aspérité, des fois, pour s’écorcher.
Rien ! Un membrane morte et sèche.
Où est l’eau ? Où est la vie ? Où est la chaleur, où est la fraîcheur ? Où se trouve le plaisir de la chair ?
… Tout ce qui nous raccroche à une compréhension instinctive de l’instant, à un désir de quelque chose d’encore plus grand !
… Tout ce qui nous fait nous perdre, pour mieux nous retrouver… en un peu d’ivresse ! bien placée.
J’ai vécu quelques années de sens et d’exaltation.
J’ai vécu quelques années de lien et de lumière.
… De tout cela, ne demeure que mon sentiment d’astreinte à écrire ce qu’ici encore je confie.
Je le ressasse tout en en refermant progressivement la fenêtre de tir.
Je le ramasse tout en n’y croyant plus qu’à peine.
Tel un nuage en douce dispersion, de trop de réalité le rêve fond et se tue.
On aperçoit les cordes des coulisses se balancer et le bâti de toute « la représentation » s’imposer !
Ce qui, en apparence, était d’or alors se cabosse, jaunit et vieillit.
Je médis ! Pourquoi ?… Il n’y peut rien.
Je maudis ! Pourquoi ?… Il est décédé.

21/01/24 (après-midi)
Qu’est-ce qu’un état de neutralité extrême ?
Qu’est-ce que la mort, quand on est encore bien vivant ? mais que plus rien n’effleure votre envie.
Plus de rythme. Un paysage morne et triste.
Toujours, je vis au bord de mon étang.
Je le nettoie souvent… Sa vie intérieure est riche en organismes de toutes morphologies.
Le dessous de ses eaux regorge de créatures étranges – comme ces cyclopes immobiles.
Je n’ai sans doute pas encore assez souffert pour retrouver toute la vivacité de la terre !
Mon imaginaire me porte dans l’inconcevable des matières ; ma résistance s’épanche dans la douceur d’une transe.
Enveloppée d’odeurs lacustres, donc, j’écris.
Je ne me dérobe à aucun surgissement, pauvre ou dérangeant.
Patiemment, je suis les phases du lent développement : elles se chaînent en un possible et pénible dilemme.
Suis-je encore d’une quelconque manière alerte et agissante, ou bien déjà éteinte, et comme évanouie ?
L’absence d’interactivité crée le manque à vivre.
Et l’apparente inertie fait autant paniquer les esprits extérieurs à eux-mêmes que ceux excessivement agités.
A fleur de brouillard, les jeunes pousses tardent à percer les membranes trop juvéniles ou à rompre les gangues trop amollies.
Rapidement, tout s’imbibe de froide transparence cadavérique – livide jusqu’à en devenir brillante.
Bientôt aussi, tout se pare d’épaisses moisissures bien duveteuses – comme piquetées de velours noir.
Dans l’ordre de la transformation formelle, quel travail au juste cette mousse-parasite opère-t-elle ?
Afin de manifester ce qu’est la transition de la décomposition et ainsi exprimer son deuil, revêt-elle un simple « manteau funéraire » ?
Ephémère et transitoire ! Car, vite, je le nettoie !
Par là, est-ce que j’empêche quelque chose de mourir – qui, sans cela, légitimement, le devrait ?
Ainsi, telle une salamandre ou tel un phoenix, incessamment mon espace se régénère et renaît !
Ainsi, colonise-t-il les marais alentours, afin de leur transmettre l’oxygène et la vie !
Les liquides initialement croupis progressivement s’assainissent et se remélangent à « la source », qui leur donne un nouveau débit.
Plus profond, point son gisement.
Plus en amont, en elle, il n’y a plus de corruption.
Alors, dans mon corps, le breuvage sacré reprend sève, et guérit.
Alors, en l’Ange, l’élixir terrestre reprend couleurs, et revigore.
Alors, en moi, l’un et l’autre peuvent à nouveau librement se rencontrer, et l’expérience « une et entière » se reformuler.
La voie s’ouvre en une synchronisation certes tardive, mais mûre et effective.
L’émergence s’offre en une issue certes imprévisible, mais fraîche et spontanée.
Et je m’éveille, non plus dans le béton…
Mais seulement dans la fluidité des photons - à la vitesse de mes rêves.

10/02/24 (après-midi)
« Le point mort » sombre au-dessous du niveau de flottaison.
Mollement désorienté, il se laisse porter par le courant de fond ; totalement désinnervé, il se laisse saisir par la dérive de ma direction.
Une dislocation, jusqu’à la désintégration.
Une distanciation, jusqu’à la rupture.
Une incompréhension, jusqu’à la déraison.
Tu ne viens plus vers moi…
Et mon doute entier se déploie ; et mon angoisse grossière se rebelle !
J’écris dans le fiel.
« Ce monde » était bien le prochain… sur la liste des possibilités : j’aurais voulu l’éviter.
En moi, l’enclume est lourde ; je ne résiste plus à son poids, qui tout en bas m’entraîne… et me traîne.
Là, je me heurte aux déchets, aux débris de la vie.
Là, j’entrevois la coque du paquebot des ténèbres – qui heureusement m’ignore.
Là, je ne sais plus où aller… sinon, sans raison, me résoudre à remonter.
Pourquoi vainement continuer à espérer ?
Pourquoi patiemment se résoudre à essaimer ?
Vers quel soleil innocemment se diriger ? Vers quelle chaleur vaillamment se réfugier ?
Toutes les substances ici sont friables ou creuses.
Toutes les textures ici sont rêches et sèches – blanchies par la poussière.
Manque l’eau… de pardon et de réconciliation.
Manque le souffle… de nature et de Vie !
Manque le lien… d’ivresse et de folie !
Ce qui « irait de soi » dans la grande marche de l’univers.
Ce qui nous régénérerait dans la grande circularité de la matière.
Ici, les circulations sont courtes ou arrêtées ; il leur faudrait reparcourir la Terre !
Selon des voyages initiatiques dignes des premiers millénaires… quand, pour nous, tout était riche – encore potentiel ou déjà nouveau !
Ici, désormais, l’épuisement gagne nos champs cellulaires ; alors qu’à nouveau il leur faudrait vibrer dans le magnétisme cosmique !
… afin, nonchalamment, de se laisser guider au rythme coulé de la seconde existentielle.
… afin, délicatement, de se laisser imprégner par l’onde « amorisée » des débuts de la Création.
… et, ainsi, de ne plus se poser de questions.
Et, ainsi, de vivre la nécessité de « ce qui advient » au moment même où cela advient.
Sans le devancer, ni le retarder.
On est prêts ! à se synchroniser… dans l’altérité.
On est prêts… à répondre au plus concret !
Que celui-ci, à nous, veuille bien se manifester et, en nous, élire domicile.
Sous la forme d’une incarnation, simple et singulière ; sous l’impulsion d’un élan, direct et vital.
Dans le désir, non des émotions fugaces, mais bien des effusions tenaces !
Dans le flux mielleux de l’âme guerrière !
Dans le souterrain lumineux ; là où m’apparaît cette silhouette salutaire qu’est l’ombre du SOI – que, lui-même, je ne distingue pas.

17/02/24 (après-midi)
Hier, tu es décédé – assassiné.
Hier, tu t’es libéré – dépossédé de tes illusions, réactivé dans tes révolutions.
Les autres te suivront !
Ils s’accrocheront à l’ouverture de ton sourire ; ils se figeront à l’azur de ton regard… si franc, si pur.
Physiquement, tu es un grand ; moralement, tu es un géant !
Pour tant de gens, tu dégages l’horizon.
Ce vent frais, décapant, est-il désormais perdu ?
L’espoir, libre et gratuit, s’est-il évanoui ?
L’amour te portait : ardemment, tu chérissais…
La bête t’a avalé, sans encore te recracher ; la bête s’est dévoilée, sans tout à fait s’exposer.
Le mal s’est manifesté, alors que déjà sur ta peau martyrisée le destin s’était mis à glisser, te recouvrant soudain tout entier !
Je me souciais de toi, en même temps que je ne t’imaginais pas…
Ta foi en l’homme, tu l’incarnais !
Ta radicalité dans l’engagement, tu l’embrassais.
L’énergie te caractérisait ; la clarté te bénissait.
Face à toi, l’avenir sublimement s’avançait… en même temps que, scandaleusement, il se refermait !
Tu l’empoignais ! Tu le moquais…
Tu le maîtrisais… Tu le sidérais !
Ton aura lisse est-elle toujours de ce monde ?
Ta voix ferme résonne-telle encore dans nos coeurs sereins ?
Ta sage espièglerie agite-t-elle encore nos rires éteints ?
A l’échelle planétaire, « ta chère moitié » vibre à l’unisson de ton combat.
Personne n’est en capacité de l’abîmer ou de le souffler – pas même les fausses lois ou les ruses voyous !
Tu resteras… tandis que quelque chose, par là, s’effondrera.
Les temps, si bouleversés, se révèlent dangereux pour les justes et cruels pour « les enfants ».
Nous en sommes tous ! Tous pétris de conflits et de guerres : d’éclats d’obus ou de poisons mortels.
De plaies ouvertes ou de sang corrompu…
L’autre cherche la vengeance de sa condition et l’éradication de son prochain !
L’autre suce la moelle de celui qui comprime son territoire, ou bien perturbe son hégémonie.
Les massacres bilatéraux ne s’apparentent plus à des îlots isolés ; ils se multiplient jusqu’aux coins de nos propres rues.
… Propres et blanches, le soleil pourtant y luit ; ignorantes et affairées, les foules certainement y devisent.
C’est ainsi que tu nous regardes, triste et ébahi !
C’est ainsi que tu nous transmets toute l’amertume de ta mort, mais aussi toute l’espérance de notre survie !
Gravée dans la pierre de nos édifices intérieurs, ta mémoire hantera nos promenades les plus humaines.
Tu resteras « le bel homme » à la respiration d’acier que l’humanité aura vu tomber… avec vulnérabilité, mais aussi avec fierté !
Au panthéon des âmes, tu régneras en maître et en disciple.

28/02/24 (fin de journée)
Quand tout s’éteint, y peut-on grand chose ?
Quand tout se brouille, comment laisser passer ?
Quand jusqu’au chagrin tout se contracte, faut-il encore s’y fier ?
Quand dans l’absurde l’émotion se dissipe, faut-il seulement la suivre ?
Tu étais là, si proche de moi et de ma vie.
Pourtant, je suis partie, parfaitement libre et inassouvie.
Lui, au pas de ma porte, est apparu ; et, tout de suite, tu ne l’as pas compris…
Lui, si loin de moi et de ma vie ! Pourquoi l’avais-je choisi ?
Sur le canapé, pour la dernière fois, je te filmais : des images existantes, bien que jamais exhumées.
Je n’étais alors pas consciente du mal et du fossé.
Je n’étais alors pas présente au risque, sans toi, de ma fuite en avant.
Ton regard, tour à tour clair et trouble, vibrait comme l’eau d’un jardin au printemps.
Ton sentiment était profond.
… Malgré moi, je l’ai sans doute jusqu’au bout tout à fait saccagé.
Une âme disloquée, hagarde et brisée ; un corps abandonné, alcoolisé et désynchronisé.
Lentement, pas à pas, je t’ai vu physiquement t’affaiblir, et peut-être même te détruire.
Je ne connais pas « ta fin ».
Le secret des dieux, pour moi, avant s’est lourdement obscurci, puis sombrement refermé.
J’ai perçu le son de la porte colossale qui, là, face à moi, d’outre-tombe se verrouillait.
Mon ancre, que je t’avais une fois déjà rendue, à ce moment-là, je l’ai définitivement perdue.
Sur le feu, seule, alors, je me suis mise à danser.
Il correspondait à ma lumière…
Il refusait de la partager !
En solo musical, il poursuivait son mystère.
Cependant que, plus en superficie, il refoulait la possibilité même d’un attachement… sincère !
Rejetée, j’étais perdue ; écartée, j’étais mise à nue.
Mes choix n’en ont pas été ; dans la plus pauvre des virtualités, ils n’ont cessé de s’exprimer.
… Durant toute une traversée, alors, j’ai inventé.
J’ai sublimé… comme l’enfant qui spontanément recrée « ses parents ».
Sobrement, j’ai plus qu’attendu… le retour d’une heure favorable et critique.
… Un point de bascule devenu inespéré, une lueur dans la nuit soudainement ré-enflammée !
Ces moments-là, rares, sont apparus ! Je les ai bus.
… Et puis, plus en dessous, « ce que je suis » n’a simplement pas convenu : au grand jour, jamais il n’a pu, voulu ou osé aux autres m’exposer.
La fierté n’était pas assez au rendez-vous ; la tristesse continuelle faisait office de garde fou.
S’est-on mutuellement contrariés, au point de s’immobiliser et de se bloquer ?…
… jusqu’à s’affamer, s’assécher et se condamner ?
Ou, tout au contraire, a-t-on su soutenir et faire grandir une flamme, invisible aux yeux des vivants ?
Comme une aspiration et aussi une perception : celle de l’impermanence féconde de notre condition.

5/03/24 (matin)
Tout l’enfer de l’exclusion – autre « séparation ».
Tout l’obscur des marginalités – celles impliquant l’impossibilité d’une vision partagée et l’incongruité de l’anticipation fantasmée.
Chacune de nos trajectoires s’imprime à force de constance rigoureuse dans nos pratiques et de constat implacable dans nos phénoménalités.
Il n’y a rien à redire… contre « ce qui advient ».
Ma voie sans doute est unique !
Elle s’infuse elle-même dans l’imaginal de productions chargées et colorées.
Elle grandit et s’aiguise dans la perception, sans cesse raffinée, de modalités existentielles et créatrices.
Des mondes imaginaires en auto-définition.
Des univers symboliques en libre expression.
… Une mécompréhension de l’autre, alors, à la source d’une discorde – d’une gêne, ou même d’une irritation et d’un mépris.
Suis-je encore seulement « humaine » ?
Qu’est-ce qu’une créature terrestre en mal de considération ?
… Une peine larvée et un repli de circonstance.
… L’épreuve d’un échec à communiquer ; l’envie, néanmoins, constamment, de s’éprouver…
L’autre, global, ici nous écrase… Son expérience, commune, ordinaire, nous ignore et nous invisibilise.
L’autre, plus rare, parfois, aussi, nous relève et nous exhibe ! Avec nous, alors, triomphe l’évolution.
Car qu’est-ce qu’une humanité sans perspective de progression, ni désir de mutation ?… dans la chair vécue, dans le mental des cellules.
Apeurée et perdue. En quête d’images et de sons, d’émotions et de sensations… de sens et de vertus.
En questionnement sur ses propres principes et modes d’entraînement, l’esprit alors ose interroger la civilisation :
— Qu’as-tu fait de moi ?, lui demande-t-il.
— Tu apparais ainsi car, au long cours, tu ressembles aux actions que tu as entreprises et aux intentions que tu as nourries… Je t’ai ainsi forgé afin que tu te considères dans la vérité des années, passées à t’oublier et à te distraire.
— Je ne suis donc plus présent aux appels de ma destinée ? à l’incarné de ma légende ?… celle avec laquelle je suis né.
— Non, tu n’honores plus ce qui t’oblige par la justesse de ton origine, la nécessité de ta conception.
L’esprit donc s’en va, rebelle et déçu ! Il considère que, dans sa course effrénée, la civilisation l’a progressivement amoindri, affaibli, travesti !
… Bien choisir l’occupation que l’on exerce et approfondir la discipline que l’on accepte.
Sentir la liane qui, dans son hélice, nous hisse ; et s’agripper à elle, comme un délice.
Ne plus se poser de questions et s’habiter soi-même tout entier dans l’évidence de cette pénétration, muette et secrète.
Ne plus porter son attention sur les regards incrédules, réprobateurs ou insolents.
Continuer de tracer son sillon – en dynamique ascensionnelle vers « le ciel du milieu ».
Là, tel un prématuré, se sentir comme recueilli !
Là, tel « un éveillé », se sentir absolument exister !
Ne plus bouger… Et, dans la sensibilité, la réceptivité, entre le rouge-rosé nacré et le vert-amande velouté, humblement « miroiter ».

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