Au jour le jour #4 #vie #animal
Les 7 réalités, selon l'Arbre.
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Brisure d’acier, sans éclat. Fracas mortel, sans vertige.
Tout peut-il n’être qu’artificiel ?
Ma condition n’est qu’intermédiaire : ma souffrance, temporaire et mon impatience, stérile.
Quand on n’est rien, on se pose souvent bien trop de questions – que l’on ne sait démêler.
On se plaint, comme une anguille ; on se recroqueville, comme un escargot.
On attend une solution, qui ne saurait tarder.
On désespère d’un progrès, qui nous apaiserait.
Pourtant, le temps de l’évolution naturelle ne se profile pas. Toujours pas…
On est là, stagnant dans le faible courant.
On est là, médisant dans la bile atmosphérique.
On s’énerve, on s’excite et, bientôt, on s’intoxique !
Peut-être ?
On supplie, à l’agonie, que l’on vous exfiltre du marais !… et que l’on vous sèche de la vase qui vous alourdit les jambes et vous enivre les narines !
Libre, enfin, vous voulez respirer… l’oxygène pur.
Libéré des entraves de ceux qui vous ignorent.
Libéré du joug de ceux, aussi, qui en rient.
Vivre, sans miroir, pour vous-même !
… Sans anamorphose délirante, ou congestion inquiétante.
… Sans esseulement dépressif, ou léthargie sclérosante.
Les reflets de soi en l’autre ne sont que des torpeurs ivres et trompeuses.
Tandis que les reflets de l’autre en soi sont des douleurs vives et lancinantes.
Sur qui nous ajustons-nous ? Sur quel être, quelle situation ; en dépit de quelle perspective ?
… au point que nous en ignorions toutes les autres - même plus favorables à notre croissance.
Tu m’élimines. Sans transition, ton regard fuit.
Tu m’effaces. Dans la négation, tu réaffirmes ta trace.
Ma condition de terrienne est tenace : elle pisse et elle saigne.
J’appelle à un retournement ! Je murmure un « je t’aime »…
Tu ne l’entends pas. Ou bien tu fais mine… de disparaître !
A ce moment-là, je ne comprends pas. A ce moment-là, je m’abstrais.
Loin du réel, alors je me complais. Loin du concret, alors je reconstruis sur des braises.
Mes châteaux de cartes m’éloignent de moi-même, en ce sens qu’ils ne me permettent pas d’envisager.
Leurs fantômes dégoulinent le long de remparts abyssaux, jusqu’à l’oubli.
Sans doute, de pied ferme, l’avenir m’attend-il !? Sans doute, ardemment, le destin s’apprête-t-il !?
… Cependant que je trépigne ! Et qu’en même temps, mon indépendance s’affirme.
Une vie ! Une trajectoire en pointillés, qui n’ose penser ou rêver. Et, à ce stade, un imaginaire bloqué.
La joie, toujours plus éteinte, sous un manteau de cendres.
L’atmosphère, toujours plus étouffante, prise dans l’étau de la guerre.
La Vie, ici, se trahit elle-même.
Le printemps prochain peut-être se faufilera – sans plus d’espoir de floraison tenace.
Les couleurs sont recouvertes par une épaisse couche de crasse et de débris.
Tout se trouve brisé, éclaté, brûlé, calciné !
Un jour, le jeune vert recouvrira la rouille naissante des endroits pour longtemps endormis.
Un jour, la blancheur d’une pensée viendra à nouveau émerveiller le regard de l’enfant qui, en ce moment même, travaille à renaître !
Qu’aura donc à lui offrir la sphère de la matière ?
Que lui faudra-t-il donc savoir échafauder pour y remettre de la lumière ?
Ses parents, sans doute, se trouveront désolés de l’avoir conçu avant tout pour eux-mêmes.
Un besoin massif de réincarnations éclairées !
… pour réensemencer une Création désespérée.
… pour ré-inséminer une organicité sans boussole.
Les germes des premières années du millénaire ne sont pas à proprement parler « mauvais »…
Cependant qu’au fil des ans, leur mode de développement se révèle largement contestable !
Que faisons-nous encore réellement ensemble ? si ce n’est, globalement, de nous « superficialiser » ?
Qu’amorçons-nous de plus fondamental, au moment même où, déjà, le bateau planétaire roule et tangue ?
A quoi, malgré nous, nous entraînons-nous ?… si ce n’est au divertissement de circonstance et au naufrage des consciences ?
Les transmissions sont erronées ; les valeurs, inversées ; les champs retournés !
Le monde « humain », sans même tout à fait se chercher, en définitive se perd.
Les maigres avancées sont immédiatement ensevelies sous les commentaires de ceux qui n’en captent ni la gravité, ni la sensibilité, ni la fragilité, ni l’éphémère.
… Encore moins la religiosité de l’impensable « double réalité » !
Le visible se tord de douleurs, tandis que l’invisible se craquèle dans l’impénétrabilité.
Entre les deux, il n’y a plus de passage !
Comment, une bonne fois pour toutes, renverser cette table – aux allures de conseil de sécurité, figé ?
Comment suffisamment bien aligner les cartes pour en voir tout le sirupeux dessous ?
Quelle élaboration de soi, finale, pour quel destin collectif, terminal ?
Et si, dans une commune et douce lenteur, nous commencions par nous-mêmes, en état de grâce ?
Et si, dans la pure et humble réceptivité, nous nous parachevions… tels des Anges de dialogue et de communion ?
Ne laissons pas la flamme nous échapper !
Mais, aux mains des barbares, que pourrait-il lui arriver ? Quel risque pour elle, si ce n’est – même là – de perdurer ?
L’innocence de l’émergence, aux reflets limpides dans le halo du feu.
Quelque chose de vivant et de naissant s’impose à notre expérience, encore fragile et chancelante.
Sa force vient du dedans !… du tréfonds des mystères silencieux.
A partir de si peu – ou de rien ! –, en nous, quelque chose se recompose et surgit, enfin !
Notre confiance alors prend racine et pénètre le monde, encore inconnu pour elle, de la gratuité originelle.
Le point zéro de l’univers ne nous livre pas que des atavismes ; il nous permet aussi d'envisager « des possibles » ! – dont nous pouvons choisir le mode d’apparition ou de résolution.
Pour peu que la Terre ne nous tombe pas dessus !
Pour peu que le Ciel se maintienne au-dessus.
Hésitants et fébriles, nous avançons… incertains de nos destins ou soulagés de les avoir menés à bien.
La disparition nous délivrerait-elle de nos poids trop usés ou trop morts ?
Une fois l’énergie fin consommée, à quel puits se régénère-t-elle ?… si ce n’est à l’Alpha ?
… par lequel toutes les trajectoires repassent, se challengent et s’enlacent.
Tous les débuts s’y rencontrent, et l’un à l’autre se chaînent… afin de recréer le germe.
Celui d’une nécessité fraîche et d’une réapparition fluctuante : s’agit-il de ma nouvelle incarnation ?
Ai-je encore le courage de ce voyage-là ?
Ma triste fatigue n’a d’égale que la longueur de la route à suivre.
Pour toujours davantage de peine, de doute et de confusion ? Pour des jours toujours plus courts, intenses et pluvieux ?
… Pour une noirceur exponentielle, dans un monde aux valeurs de moins en moins universelles ?
Descendre dans les bas-fonds et assister aux luttes pour la survie qui actuellement s’y mènent…
Devenir soi-même « animal » – au sens féroce de l’attaque et de la dévoration.
Ou bien, dans un flottement « bleu satin », se laisser advenir à la mystique initiale de son Ange ?
Dans le secret de tes yeux, je la vois… cette onde primordiale qui tout au fond y luit – à la manière de l’âme depuis tes pieds non-anéantie.
Elle m’inspire des jouissances non-dites.
Elle me rappelle « lui », dans le cristal brun de son appel à la nuit.
Toutes les flammes s’assèchent dans le veto et la contradiction.
Je lui ai dit « non »… Ainsi ai-je refusé ce que la vie m’avait donné de meilleur ?
Pour cela, ultérieurement, j’aurais pu me maudire.
Pourtant, sans bien le réaliser, je n’ai fait que maladroitement rebondir – sans du tout jamais me dédire.
Lui, là-bas, tellement égaré… ne m’a plus vue venir et lui dire. L’avais-je abandonné ?
Humainement, c’est moi-même que je fuyais – telle que, dramatiquement, à ses côtés j'avais été.
Néanmoins, amoureusement, la fidélité toujours nous unit.
La Vie remonte à si loin ! Et la Vie nous habite malgré nous…
Elle ne peut se corrompre que via l’affaiblissement de notre énergie-ressource.
En toutes occasions, la maintenir robuste et tonique est affaire de magie !
Note perception intérieure reste floue, voire confuse ; nos automatismes mentaux occultent la plupart des évidences du « phénomène humain » que nous sommes.
Notre mécanique s’encrasse, au profit de routines ignorantes et « basses ».
Nous nous véhiculons sans réellement de terre pour nous enfoncer, ni de ciel pour nous expanser.
Notre amplitude se restreint… à plus rien ! selon un corridor étroit, sinueux – étouffé dans la sourde matière.
Notre vision s’anéantit littéralement en un point.
Sans guidance propre, progressivement notre trajectoire s’éteint.
Rivés à même le sol, nous n’avançons plus au sein de l’obscur rhizome, dont la forme en étoile ne nous inspire plus que trouble et méfiance.
Où que nous allions, nous tournons en rond.
Creuser serait peut-être la solution ? S’échapper de la fermeture subie de notre condition !
L’espace, pour nous, se définit comme un rêve ; et sa visualisation, de fait, comme un leurre.
Rien devant nous n’existe – en dehors du non-sens et de la noirceur.
En nous, la contraction du mal fait craindre jusqu’à une possible auto-combustion !
Respirer !… Réémerger de ce funeste présage et dissoudre l’esprit de sa totale vacuité !
Respirer !… Détendre ses poumons et profiter de la bonne sensation.
Respirer !… Capter le monde à portée d’inhalation.
… Ressentir sa si fragile évanescence, venant caresser notre membrane subtile.
Ne rien maîtriser de ces niveaux supra-dimensionnels… !
Seulement, faire confiance et croire en « la bonté originelle ».
Le fond de l’existence est juste et bon.
De ce côté-ci du voyage, l’aveuglement est de mise, cependant qu’en nous, un jour, la lumière réapparaîtra.
Au détour d’une expérience vécue « in situ », dans la temporalité saine et vivante !
Dans le flux d’une non-intentionnalité vive et fluide, brillante et excitante.
Si suspendre sa volonté en est bien la clé-maîtresse, épouser, intuitionner et vibrer se transforme alors en plaisir, libre et savoureux.
Celui d’être et de fonctionner dans la logique de la matrice – elle-même en quête de son avenir le plus fructueux.
Celui de co-diriger, dans l’inconnu altérisé.
Celui de co-créer, sous la contrainte auspicieuse d’un environnement à l’écoute du « bien commun » - qui est notre survie !
Comme un soulèvement réflexe, auquel tous nous aspirons depuis notre plus fondamentale conception.
Où est l’océan ? Trop lourd à l’intérieur…
La vie nous mange à partir de son néant, vivant.
Tout bouge en nageant – en coulant et en glissant ; en tournoyant et en virevoltant.
L’eau fraîche nous enveloppe comme des enfants ; ouverts et allumés, nous jouons à perpétuité dedans.
Nous libérons nos formes des ondes malsaines et recréons la genèse des cristallisations non-artificielles.
Les sources pures, originelles, nous inondent.
Pourtant, nous stagnons ; pourtant, nous questionnons… l’univers de nos curieuses sensations.
Sur l’eau, alors, nous nous allongeons – pour un bain en suspension au fil de nos propres vibrations.
Le liquide nous réceptionne, comme à l’époque de notre conception.
Et la substance nous protège, comme pour temporiser les ténèbres – que nous ne côtoyons plus.
… Puis nous nous immergeons – dans le volume onirique inépuisable.
La matière du réel jamais pleinement ne nous arrête ; la résistance potentielle jamais à nous totalement ne s’oppose.
Notre progression, et ses multiples morphoses, sont tranchantes et directes.
Nous ne savons où nous nous rendons, mais l’espace, de lui-même, en nous fait chemin.
Nous ne connaissons pas bien l’initiation de son tracé : à cheval sur plusieurs dimensions, il doit être ivre et sinueux.
Eperdu de nous savoir dans sa chaude mouvance, lui-même danse !
Habité par notre flux rapide et dynamique, lui-même se conforme… à la Vie.
Simple et naturelle, la Vie jaillit des énergies humaines.
Transfigurée par le coeur, la Vie de joie s’ébroue dans une atmosphère solaire.
Nous la portons, tels des rois du Ciel assagis par sa puissance légère.
Nous la mûrissons, tels des gardiens de Foi troublés par son essence sacrée.
Alors, selon un rythme lent, à nous-mêmes nous resurgissons… en un élan abdominal et une respiration de feu !
Nos poumons s’en trouvent brusquement réoxygénés et notre plèvre gravement brûlée.
Nous aimons « être qui nous sommes », nous retenir et retentir dans la merveille.
Le grain est lisse ; la pente abrupte…
Dans le couchant, encore une fois, nous allons renaître… pour notre éblouissement le plus paroxystique, pour notre peine la plus savoureuse.
A fleur de membrane, notre tristesse authentique toucherait même le moins démuni !
Tout en haut des sommets, enneigés, les fleurs naïves ne poussent plus.
Au plus profond des annales, karmiques, les poissons savants ne s’alimentent plus.
A mi-chemin, seulement, nous sommes vifs et présents !
A mi-chemin, seulement, nous déambulons libres et inconscients…
L’ancre sonore la plus fondamentale, c’est celle de la baleine quand elle « dit »…
… à l’océan, à son prochain, à l’être en elle qui spontanément vit !
Les sons mélodiques peuvent être stridents ; et les basses, comme des souffles descendants.
L’Ange, et sa voix féminine, plane au-dessus du remous des vagues pacifiques.
Il adoucit et lie ce qui, vu d’ici, ressemble à un cri.
Vital et répétitif – presque compulsif.
Les tensions du mammifère, qui dans ses entrailles contorsionne l’air, alternent avec des épisodes de détente jouissive.
Les grandes orgues s’agitent et glissent dans des polyphonies viscérales et magiques…
… tandis que le ciel grégorien, presque monocorde, les bénit.
Les harmoniques s’enchaînent – venues de la terre, en contrepoint de celles de l’âme, juste au-dedans.
L’appel semble impérieux et définitif.
Afin d’envelopper l’animal, peut-être en sursis, dans la pierre immémoriale la voûte se courbe et se plie.
Depuis ses mémoires moyenâgeuses, l’abbaye écoute ce signal signé du Christ : la pulsation des vivants, encore tremblants.
La baleine, et son souffle, expriment cette facilité de respirer… et cette difficulté à exister.
Le volume de la mer accueille la résonance première de celle qui s’est ré-enfouie dans le ventre planétaire.
Il en amplifie les phrasés, fins et élaborés.
Il en densifie la portée – tout à la fois singulière et universelle – qui rejoint la chorale des chants humains, quand ceux-ci sont spirituels.
Les coeurs battent de concert et émettent des ondes propices.
La synchronie chauffe l’atmosphère qui, de grise, passe à dorée.
La clameur de fond réceptionne l’entièreté du mélange : la note cristalline et ce qui s’apparente au râle du sentient.
Dans l’entre-deux, je flotte – ouverte au géant.
Les dimensions s’entremêlent, tandis que le temps lui-même s’allonge.
La lenteur me gagne, sans plus de peur.
La suspension me maintient sur la crête d’une ligne imaginaire : celle « des immortels », en tenue de bure à large capuchon.
Je vois des processions : deux par deux, je distingue toutes les espèces terrestres patiemment alignées… devant l’Arche de Noé.
Elles vont y entrer, pour y être sauvées.
Elles vont y entrer comme on pénètre le seuil du paradis – sans excuse particulière, ni arrogance trop fière.
Elles y entrent maintenant… afin d’assouvir la destinée de tout un univers et d’y accomplir le plus haut rituel de la foi.
Car tous, ne voient pas ! Ils font confiance…
Car tous, ne touchent pas ! Seulement, ils se coulent dans la constance d’une musique qui sereinement les guide…
… Et témoigne de la fin de leur chemin de croix.
On ne comprend pas toujours ce qui en guide l’humeur ou la tonalité.
Un bon repos : en l’occurrence, un bain régressif, une plongée forcée, une immersion caractérisée.
Une désagrégation des maux, juste naturelle – instamment désirée et résolument préparée.
… Et puis l’on renaît – en un peu déchargé, en un peu déplacé.
Je ne suis plus celle d’hier, « qui croyait ».
Mon existence, solitaire et singulière, honore désormais parfaitement « son nom ».
Autour du brasier, pas totalement étouffé, c’est encore très patiemment que j’attise ma vie entière.
Ce feu, qui tout au fond d’une antre fermée lèche le rocher humide, m’est absolument ordinaire.
Consubstantiel à mon envie, il pré-existe à ma vitalité – par elle-même latente et imperceptible.
Je me laisse bercer… par une musique ancienne qui entraîne des souvenirs à la chaîne.
… A une époque où « il » était présent, lui.
… En un temps où, en profondeur, l’amour m’était facile et disponible.
En amont, je l’avais attendu et il était venu.
La vie, fluide, me l’avait rendu – au centuple !
Aujourd’hui, je te parle en silence… pour te dire tout ce que je ne suis jamais devenue.
Encore, nous captes-tu ? Nous perçois-tu ?
Où, réellement, te préserves-tu ?
Dans l’âme-mémoire d’un paysage « en grand ! » ?
Dans le coeur-enfant d’une aimante, fidèle et douloureuse ?
Dans le retranchement discret d’une faille, injuste mais éternelle ?
Au firmament d’une étoile, en instance de recomposition ?
Dans le scintillement de notre foi en ton intégrité et ton humanité ?
Dans la déroute de ta boussole, dès lors qu’à toi-même les sentiments « vrais » se furent imposés ?
Dans la chair tuméfiée ? Dans la cellule transfigurée ? Dans l’onde miraculeuse ?
Dans l’élévation vibratoire, intense au milieu des pires démons ?
Dans la perte subite de conscience ? Dans l’éveil à la pure présence ?
Dans le Christ-humain ? Dans le Bouddha, lui-même « né deux fois » ?
Dans quelles dimensions perdurent ta constance et ton essence ? – celles de maintenant.
Toujours, tu m’inspires l’audace et la décence.
Ecrire me fait déborder… dans ton monde aujourd'hui dissout.
Ecrire me fait m’imprégner des circonstances, complexes, de tes multiples réseaux d’influence.
A l’origine, ai-je toujours « ma place » ? A l’arrivée, me feras-tu signe ?
Seule, penchée sur les flammes, je contemple le vide : incessamment, il bouge.
Dois-je me résoudre à te quitter, définitivement ? Ou, existentiellement, « cela » est-il impossible ?
Ta vie, déjà morcelée, le supporterait-elle ? Ou, inexorablement, suis-je vouée à m’effacer… ?
Trop peu incarné, le corps n’a pas suivi : trop lascive, sa tonicité s’est avachie ; trop négligée, sa santé s’est affaiblie.
Le poids des années passées seulement à survivre et à résister.
Pourtant replète, l’allure reste fraîche et gracieuse.
Cependant que, de l’intérieur, les sensations se mordent elles-mêmes, se saignant jusqu’à disparaître.
Ce n’est plus de nostalgie fanée dont il faudrait pouvoir parler, mais bien de « suicide assisté » !
Dans ma jeunesse, presque « dorée » et vastement illusionnée, je ne savais pas : il ne me disait pas ; peut-être n’osait-il pas ?
Qu’ai-je été ? Rien de bon.
… Un petite boule de nerfs – à l’image de ma triste mère.
Aucun sens du monde commun géostratégique ; aucune conscience de l’avenir planétaire écologique.
Vierge, blanche. Idiote et égoïste !
Déjà sur-sensibilisée selon des modes excessifs et pathologiques !
La maladie, déjà présente, pour moi ne faisait pas encore sens ; l’ordre des choses ne tournait qu’autour de mes sensorialités !
Déjà addict à l’affect et à l’émotion, graduellement je m’abandonnais… et me glissais dans une dépendance vis-à-vis de lui.
En toute souveraineté, il devenait mon plein environnement de jouissance, de confiance et de sécurité.
Duplicité ! Le piège sur moi s'est refermé.
Je l’aimais, et m’y réfugiais.
Ma vie, à ce moment-là, a-t-elle lévité ? Oui.
Ma vie, depuis lors, s’est-elle transformée ? Oui.
D’abord usée et dégradée, elle s’est aussi comme peuplée, enrichie et travaillée.
Suis-je coupable ou blâmable d’avoir un jour su profiter de « ce trésor », rare et inestimable ? Non.
Suis-je victime ultérieurement de m’être dans une impasse engagée, obstinée et fourvoyée ? Non.
Ce fut mon choix, et mon unique possibilité.
La Vie dans ma chair ne me saisit plus.
Comme elle le peut, entre deux vérités ou deux aveux, elle se soutient – s’invente et se prolonge.
Elle n’éclate plus dans la profondeur cellulaire ; elle n’exulte plus dans la signifiance existentielle.
« Le grand amour » derrière elle s’en est allé – évanoui par manque de constance et de destinée.
Demeure une lumière – blanche à ses heures ; demeure un paysage d’élévation, ardente et volontaire.
Demeure une flambée imaginale et spirituelle – la possibilité même d’une création, pour de bon !
Demeure le flux d’une fragile aspiration : celle de servir les générations futures.
… Celle de léguer une forme d’entendement à ce qui possiblement n’en a plus.
… Celle, au prix de l’existence, de gravir des sommets archétypaux, et de naviguer sur des mers intangibles !
… Celle de savoir reconnaître « le pire » – ou, surtout, d’imaginer le fantasmer !
… Celle, aussi, toujours, d’oser convoquer l’Ange – dans des dialogues fous, jamais faux, insipides ou dévoyés !
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